Que faut-il savoir pour réaliser ses objectifs de guitariste ?

La somme de connaissances à acquérir pour devenir un guitariste complet est, avouons-le, colossale. Devant la taille de la tâche à accomplir, nombreux sont ceux qui peuvent se perdre au passage et finir par se démotiver. Cependant, avec des objectifs bien fixés et une bonne méthode pas à pas spécifiquement conçue pour y répondre, il est possible de faire des bonds de géant en relativement peu de temps tout en gardant la motivation intacte. La suite de cet article explore des pistes pour y parvenir.
L’apprentissage de la guitare est un système.
Quand vous regardez un grand guitariste jammer avec ses pairs et improviser le solo de l’année, vous avez devant vous quelqu’un qui maitrise à la perfection son système. Il a une parfaite compréhension de l’harmonie du morceau, il connait clairement les possibilités qui s’offrent à lui pour improviser, il sait amener son improvisation vers telle ou telle couleur, et il n’est pas limité par la maitrise de telle ou telle technique car il les connait toutes suffisamment pour les intégrer dans son jeu.
Pour y parvenir, il a travaillé des années durant différentes techniques, il a compris les règles de l’harmonie, il a développé son oreille en copiant ses idoles, il a imaginé et sculpté son propre son, et c’est vrai, il est sans doute également né sous la bonne étoile de la musique.
Son système, c’est donc la somme des informations et des connaissances qu’il a apprises et intégrées et dont il peut connecter chaque partie pour donner vie, un jour, à cette improvisation parfaite qui restera dans les mémoires. Le solo de Guthrie Govan enregistré en une fois pour le titre Drive Home dans l’album de Steven Wilson « The Raven That Refused To Sing », est un bon exemple de ce genre d’aboutissement.
Si on devait commencer à énumérer chaque élément du système, on pourrait établir ce genre de liste sans fin organisée en différentes sous-rubriques.
Dans la rubrique techniques de jeu, on aurait :
- glissés
- bend
- hammer-on
- slap
- string skipping
- …
Dans celle de l’harmonie on aurait :
- les intervalles
- gamme majeure et ses modes
- gamme mineure naturelle et ses modes
- …
Dresser une telle liste exhaustive est d’une part quasiment impossible et serait surtout complètement inutile.
A chacun d’identifier ce dont il a besoin à un moment donné, et d’apprendre ce qu’on peut appeler ces unités d’apprentissage dans le bon ordre.
Encore faut-il les identifier, les lister dans un ordre précis, et les apprendre !
Chacun peut développer son système en fonction de ses objectifs
Seuls quelques ovnis comme Guthrie Govan peuvent passer en cinq minutes d’un accompagnement be-bop sur les chapeaux de roue à un rock/hard qui tâche et qui groove en passant par du funk endiablé.
La très bonne nouvelle, c’est que nous n’avons généralement absolument pas besoin de maitriser le système dans son ensemble. Il nous suffit seulement d’apprendre ce qui nous est nécessaire à un instant donné.
Prenez Zack Wylde par exemple. Qu’est ce qui fait l’excellence de ce guitariste ? Une excellente technique en aller-retour pour monter et descendre de la pentatonique à 200 BPM, une très bonne notion du riff qui tue, une excellente maitrise de son son, ses harmoniques artificielles, ses gilets en jean, et sans doute encore une dizaine de choses. En revanche, je ne suis pas sûr que le gars assure une improvisation ou un accompagnement sur un standard de jazz ni même qu’il fasse sonner une rythmique reggae !
A vous donc de cibler l’ensemble des compétences dont vous avez besoin et de vous constituer un plan de travail en conséquence.
Cette affirmation semble tellement logique qu’il parait stupide de le redire ici. Seulement voila, la plupart d’entre nous ne prennent tout simplement pas le temps de se demander ce dont ils ont besoin et d’organiser leur apprentissage.
Evoluer dans le brouillard, c’est ce qui vous fait perdre votre temps
Il y a plusieurs raisons pour lesquelles nous ne faisons pas ce travail de ciblage et d’organisation des compétences à acquérir.
Nous rentrons le soir fatigué d’une journée de travail et nous ne voulons pas nous prendre la tête. Le Web regorge d’informations mais nous ne savons pas par quoi commencer. On commence une vidéo sur Youtube, puis on zap sans être réellement efficace. Déjà noyé dans le travail, on ne veut pas se noyer dans la masse d’informations en ligne. On préfère prendre notre guitare et rejouer encore une fois le même morceau appris il y a déjà 6 mois et nous tournons en rond sur les mêmes improvisations.
Nous évoluons dans le brouillard, sans savoir que ce qui nous manque pour avancer n’est peut-être pas si inaccessible qu’on le pense.
Résultat, le risque est grand de se démotiver et certains peuvent aller jusqu’à abandonner en cours de route. Mais au final, se décourager et vivre la frustration de voir les années passer sans réellement progresser, c’est aussi fatiguant.
Viser constamment plusieurs cibles mouvantes en même temps plutôt que de viser des cibles fixes les unes après les autres…et dans le bon ordre : voilà ce qui est réellement fatiguant.
Ne serait-ce pas plus fun et plus gratifiant si vous vous observiez vous transformer en quelques mois à la condition de vous établir ce foutu plan de travail ?
La méthodologie à la rescousse
Quelque soit votre style, si vous prenez le temps de le détricoter et de le décomposer en unités d’apprentissages, vous saurez clairement ce que vous avez à apprendre et vous pourrez ainsi concevoir votre outil le plus efficace pour progresser : votre plan de travail.
L’élaboration d’un plan de travail est un sujet en soi qui nécessite son propre article. Pour l’instant, je vous demanderai dans un premier temps de passer à l’action. Prenez une feuille et un stylo ou ouvrez un bloc-note, et notez :
- le temps que vous avez à votre disposition pour travailler votre instrument chaque jour
- votre objectif du moment, que vous souhaiteriez pouvoir réaliser dans les trois mois
- la liste des unités d’apprentissage dont vous avez besoin pour le réaliser
A partir de là, essayez de décomposer votre séance quotidienne de manière à incorporer ces éléments de manière équilibrée. Les meilleurs exercices sont ceux qui font travailler simultanément plusieurs éléments du système. L’exercice de transcription notamment, est à mon sens le plus complet. Nous y reviendrons dans un article spécifique.
Le socle de base que tout guitariste devrait maitriser
Nous avons vu qu’il n’était pas nécessaire de tout apprendre, en tous cas pas en même temps, et qu’il était du devoir de chacun de construire son système.
Néanmoins, il y a tout de même un socle de base que tout guitariste devrait maitriser car c’est la porte ouverte vers l’ensemble du système.
A mon sens, tout guitariste devrait donc apprendre, dans l’ordre :
- les intervalles et leur nature (mineurs, majeurs, augmentés, diminués, juste)
- les triades et leurs renversements
- la construction des gammes pentatoniques à partir des triades majeures et mineures
- la gamme majeure, son harmonisation, ses modes
- les progressions d’accord
Rajoutons à cela de ne pas négliger le travail du son, de maitriser les techniques de base de médiator et de jeu au doigt et ça fait déjà de quoi travailler !
Conclusion
Vous aurez compris à la lecture de cet article que le principal frein à la progression est le manque d’organisation dans l’apprentissage. Ce frein peut rapidement être débloqué si quatre conditions sont remplies.
- Avoir un objectif clair et précis
- Avoir identifié ce qu’il fallait apprendre pour l’atteindre
- Avoir trouvé le bon ordre dans lequel apprendre
- Avoir établi un plan de travail
Si vous avez toujours avancé de manière aléatoire, un peu à l’aveuglette, essayez trois mois cette méthode. Vous pourriez vous étonner !
Ce blog a pour profonde vocation à vous y aider. N’hésitez pas à poster vos considérations ou questions ci-dessous. Cet endroit est un espace de partage où il est bon de se motiver les uns les autres.
Musicalement,
Samy.