Les dessous du rock psychédélique : Open Your Eyes de Radio Moscow

Salut à tous ! Cette semaine, je vous propose une transcription enlevée puisqu’il s’agit du morceau explosif « Open your Eyes » du groupe de rock psychédélique américain de Radio Moscow.
Ce titre est un vrai cocktail détonnant. Pire que l’embuscade, vous êtes sûrs de finir la tête à l’envers, la bave au coin des lèvres et le corps secoué de spasmes. L’Ayahuasca à côté c’est de la tête brûlée pour squaws. Non je ne mélange pas tout. Enfin si.
En gros pour vous allécher, vous prenez Purple Haze d’Hendrix, vous rajoutez une batterie à la Led Zep et vous sublimez le tout avec du Queen of The Stone Age. Autant dire que si vous êtes fatigués, passez votre chemin, ça va remuer.
Alors pour commencer, je vous propose de télécharger ici le .pdf de la partition et de l’ouvrir pour suivre le commentaire. Si vous préférez le fichier Guitar Pro, plus confortable, vous pouvez me laisser votre mail ci-dessous pour le recevoir. Le fichier GP étant réservé à mes abonnés, vous serez ajoutés à la newsletter du site (hebdomadaire) en demandant la partition ci-dessous.
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Chauds ? Alors c’est parti !
Les Accords
Pour les accords c’est facile, c’est quasiment la grille de Purple Haze impunément pompée par ces goujas sans scrupules : Mi7#9, G5, A5. On est donc toujours dans les influences Blues mais la disto et le gros son sont arrivés. Les cachets suspects aussi.
Je m’attarde un instant sur « l’accord d’Hendrix » (le Mi septième de dominante neuvième augmenté, rien que ça) pour que vous puissiez vous la péter en soirée. Je jurerais que Hendrix lui même n’aurait pas pu nommer cet accord. Donc pour la faire simple, c’est juste un accord avec une tierce majeure, une septième mineure et une seconde augmentée. Le mot seconde augmentée ne doit pas vous faire peur, c’est comme une tierce mineure mais comme on a déjà une tierce dans l’accord, on préfère dire que c’est une seconde augmentée. Si vous avez des doutes sur les intervalles, j’ai fait un cours je crois super clair ici.
On associe très souvent cet accord à Jimi Hendrix car il l’a utilisé, usé et fourbi tant qu’il a pu. Vous le retrouvez notamment sur Purple Haze. C’est un accord qui met beaucoup de tension de par la cohabitation entre une tierce mineure et une tierce majeure (seconde augmentée). Idéal pour créer des riffs ultra lourds où on va tout relâcher…avec des bonnes pêches en power chord sur un sol ou un la par exemple (si on est en Mi).
Ok vous avez pigé pour l’accord de dominante 7#9, passons sans plus attendre aux différents riffs énormes de ce morceau.
Le riff d’intro
Pour introduire ce morceau, oubliez les roses, le champagne et la bague dans un coffret. Là on en est plutôt à ouvrir les portes à la dynamite.
Prenons d’abord les deux premières mesures.
Le riff de guitare est construit sur la quinte (Si) et la septième mineure (Ré) de l’accord de Mi. Au niveau rythmique on attaque direct sur une syncopette et on termine par marquer deux blanches sur l’accord de tonique.
Ok pause sur la syncopette. Une syncopette c’est tout simplement le trio double croche – croche – double croche.
Ça se lit comme une série de quatre doubles croches à laquelle on aurait enlevé la troisième double. Vous comprendrez mieux ce que je dis si vous le testez de suite sous Guitar Pro. Pourquoi cette petite pause solfège me direz vous ? Et bien c’est parce qu’on la retrouve relativement souvent dans les musiques actuelles, notamment en rock, funk etc. La reconnaitre, savoir la nommer et la compter sera un super atout pour vous pour apprendre plus rapidement et composer vos propres riffs.
Bref de son côté, la batterie martèle la crash et la caisse claire comme De Niro s’acharne à coup de talons contre un gangster dans les Affranchis. Notez comment sur la deuxième mesure, la dernière pêche de guitare est subtilement amené par les quatre croches de charley ouvert. Magique. Et c’est ce combo gagnant qui fait le côté ultime de ce riff d’intro.
Un peu comme si dans une scène de film d’action vous aviez un héro en train d’arroser copieusement ses attaquants de coups de poing et de pieds, les mettant tous KO les uns après les autres et que la caméra se rapproche de lui lorsque tout le monde est à terre au son de la victoire. Ouai j’ai aussi de l’imagination.
Mais d’autres ennemis arrivent et il faut déjà s’y remettre. La suite de l’intro est un développement de ces deux première mesures avec toujours la première phrase en syncopette répétée trois fois et conclue par l’accord de Mi7#9 suivi par une montée rageuse sur le Sol5 et la La5. J’aime particulièrement les petits motifs de relance et de conclusion mesures 7 et 9.
Les motifs de relance et de conclusion
Puisqu’on en parle, ces motifs méritent qu’on s’y attardent un tantinet. Dans ce style de musique basé sur les gros riffs qui tuent, garder l’énergie intacte tout au long du morceau est le défi. Pour cela, tous les motifs de pentatoniques joués en double croche avec des hammer-on et pull-off à grand renfort de blue note vont permettre de relancer les tournes de riff et également de les conclure.
Regardez les mesures 7, 8, 9, 22…Que de la pentatonique et de la double croche sur ces motifs !
Ils sont réellement typiques du style et je vous conseille fortement de vous en inspirer pour relancer ou conclure vos gros riffs principaux.
Retenez les mots clés :
- Pentatonique
- Double-croche
- Effets de jeu type Hammer-on et Pull-Off, slides
Pour vous entrainer, mettez deux pêches de noire d’un power chord de Mi et terminez le reste de la mesure avec un motif basé sur une pentatonique de Mi, ça devrait fonctionner.
Aller, maintenant qu’on a détruit le saloon on peut continuer sur le couplet d’un pas assuré.
Le couplet
Pour conserver l’énergie dans ce type de morceau, difficile de rester tout du long sur une avalanche de riffs et de disto baveuse. Je vous rassure, on ne va pas pour autant passer à de la variété sur le couplet.
Ici, on nous a contacté un riff un peu (beaucoup) à la stax (célèbre maison de disque Soul) avec la caisse claire et la quinte du Mi sur tous les temps. Encore une fois, on a des motifs de relance à la fin de chaque mesure et un motif de conclusion à la fin de la tourne.
Ce couplet me fait penser à celui de Scumbag Blues de Them Crooked Vultures. On est vraiment dans les clichés du style…et c’est bon !
Je ne m’attarde pas plus sur le couplet. Droit, simple, direct et efficace.
Le Refrain
Maintenant qu’on a fait de la marche militaire, il est temps de renvoyer la purée pour le refrain. Grille Purple Haze, doubles croches et accords plaqués en aller-retour en laissant cracher la disto et en plaçant quelques ghost notes pour ajouter de la dynamique. Rien de très subtil ici.
J’en profite juste ici pour souligner que si vous voulez grossir une pêche, surtout si c’est un Mi, jouer d’abord le Mi grave à vide avant d’aller chercher l’accord à l’octave est quelque chose de super courant qui marche bien. Et sur les accords 7#9, ça marche encore mieux !
Notez également comment le refrain est conclu par le riff principal d’intro. Ça, c’est les influences Pop à la Mc Cartney avec des structures intro couplet refrain intro couplet refrain bridge…
Ensuite, comme on est dans du rock psychédélique dans la lignée d’Hendrix, il ne s’agit pas bêtement de retomber sur un autre couplet plat. Non, on va prendre un pont et on va décoller pour un trip d’acide en mode Flower Power.
Le Bridge et l’impro
Pour le pont ou bridge en anglais, on retrouve notre fameuse quoi ? Syncopette, oui monsieur. Et comme on a pas fait cursus jazz à l’école, et qu’on veut boucler la troisième compo de la répèt (true story), on va simplement décliner le même motif en montée chromatique sur notre manche. Et comme l’acide commence à monter aussi, on va en profiter pour accélérer un max. D’ailleurs la foule est déjà bien chauffée pour rentrer en transe donc c’est parfait pour amener le passage complètement barré qui va suivre.
Pour résumer le bridge, avant vous êtes encore clair, après c’est le trip tantrique.
Le passage psyché
Ouai il s’appelle comme ça. Je suis sûr qu’il s’appelait comme ça aussi sur leur white board. Pas de raison qu’ils soient plus intelligents que nous en répèt. Bon OK je ne l’ai pas tablé, mea culpa. Mais c’est la transe man, tu peux pas réduire ça à une partition de musique, ça se vit et ça se sue !…Ça se sue que c’est toi ! (Ok il tard, on est dimanche, et j’ai bientôt fini cet article, merci de votre compréhension).
Du coup je commente juste ce qui fait la saveur de ce passage. A la guitare, on part sur un solo en Mi mineur harmonique qui donne ce côté oriental arabisant qui nous dirige vers d’autres contrées remplies d’éléphants roses et de fleurs aux couleurs des tapisseries de ta grand-mère. Si on peut mélanger ça avec de la pentatonique à un moment donné c’est encore mieux.
A la batterie on astique ses toms mediums et basses le plus frénétiquement possible. Généralement, le batteur est dopé pour pouvoir tenir les 4 minutes de break en studio et les 20 minutes de break en live. C’est la transe man. Il faut donner de la goutte de sueur à la caméra.
Et si vous faites ça bien, vous vous mettez d’accord pour placer un riff bien syncopé en plein milieu du break et voici une affaire rondement menée.
Conclusion
Personnellement, j’adore ce style pour l’avoir pas mal pratiqué. J’espère vous avoir donné l’envie de creuser un peu plus le rock psychédélique si vous le découvrez et j’espère vous avoir fait découvrir quelques trucs et astuces que vous pourrez réutiliser.
Pour retenir l’essentiel, on notera :
- Les gros riffs basés sur les pentatoniques et accords de grille de blues
- L’accord de dominante 7#9
- Les motifs de relance et de conclusion de riff
- L’utilisation d’autres gammes que la pentatonique pour les passages psychés
- La structure Pop des morceaux mais avec des passages complètement barrés
Aller sur ce je vais me laver les oreilles avec du Mireille Mathieu et vous dit à la semaine prochaine !
Bisous bisous.