Intention, nuances et expressivité à la guitare

En ce moment je bosse pas mal de plans blues piqués chez John Mayer. Techniquement, j’ai à peu près le niveau pour les jouer tous. Mais on est bien d’accord, ils ne sonnent pas pareil en concert quand c’est moi qui les joue ou quand c’est lui.
Alors qu’est-ce qui fait la différence entre John Mayer et moi sur un même plan blues ? Le talent, certes. C’est tellement évident. Mais que recouvre ce talent exactement ?
Le niveau d’implication de l’Être
Il y a sans doute 1000 éléments pour répondre à cette question mais un point que je retiens particulièrement au-delà du nombre d’années de pratique, d’heures de travail, de technique, de formation musicale, c’est l’âme et son implication dans le jeu.
Ce qui différencie un Grand de la guitare du lot, c’est sa capacité à impliquer tout son être dans ce qu’il joue, avec constance. Pouvoir réitérer l’exploit, concert après concert, de nous toucher avec son jeu.
Cette faculté, elle a une part d’innée. On a tous un niveau de sensibilité différent, ce qui explique les prodiges précoces. A technique égale, celui qui aura l’intention la plus vraie et qui saura la retranscrire avec son toucher sera plus avancé que l’autre.
Mais peu importe la façon dont on est doté à la naissance, il y a aussi une énorme part d’expérience et de vécu à cultiver constamment. Et ça commence par se rouvrir à ses émotions.
Or quand on se plonge dans l’étude, les exercices et la technique, surtout chez les débutants et les intermédiaires, on a vite tendance à oublier la sensation au profit de la technique. C’est ce qu’on voit tous les jours chez nos élèves en cours et qui est exacerbé aux auditions de fin d’année.
Pourtant, jouer de la guitare, ce n’est pas seulement poser ses doigts sur l’instrument et arriver à reproduire les notes et le rythme d’un morceau, c’est aussi et surtout arriver à donner vie à ce que vous jouez et à véhiculer des émotions.
Et pour cela, vous devez traduire une émotion que vous avez l’intention de transmettre avec votre toucher.
Les 3 étapes pour développer son expressivité : Écoute, intention et toucher
Pour y parvenir, il y a plusieurs étapes. Je ne suis sans doute pas exhaustif mais voici celles que j’ai identifié pour l’instant.
La première, c’est d’identifier l’émotion véhiculée par ce que vous jouez. Qu’y a-t-il dans ce bend de blues ? Dans cette syncope au milieu de ce riff de metal ? Que m’évoque ce skank reggae ?
La deuxième, c’est de se laisser immerger dans votre corps par cette émotion. Cela va se traduire par une attitude. Comment bougez-vous sur du ACDC ? Qu’éveille un joli plan Gospel chez vous ?
La troisième, et c’est la plus complexe, ça va être de traduire ces informations dans votre toucher afin de donner vie à cette émotion dans votre jeu.
C’est un travail d’une vie, jamais achevé, mais c’est le chemin qui est intéressant.
Alors si vous deviez retenir une chose de cet article. Ne jouez pas sans intension. Ne jouez pas sans émotion. Accordez votre toucher à vos émotions.
Pour aller plus loin, je vous donne un exemple en musique dans cette vidéo.
Bonne gratouille,
Sam